CHOISIR LA REGLE DE SAINT … AUGUSTIN ?
En 1215, saint Dominique et ses frères décident de placer le nouvel ''Ordre des Prêcheurs'' qu'ils sont en train de fonder, sous la Règle de saint Augustin. C'est un choix qui coule de source, pour eux, mais en même temps, c'est un coup de génie !
La Règle de saint Augustin est une des plus anciennes règles de vie religieuse de l'Occident : datant de la fin du IV° siècle, elle a inspiré par exemple la Règle de saint Benoît, écrite au VI°. Mais elle n'a pas influencé seulement la vie monastique. Elle est aussi à la source du courant canonial, ces communautés de prêtres qui entourent l'évêque et portent la prière de l'Eglise, en son diocèse. Choisir cette règle, c'est donc s'inscrire d'abord avec confiance dans la grande tradition de l'Eglise. Paradoxalement, c'est aussi la porte ouverte à la nouveauté ! Ce qu'on retient surtout de la Règle, au XIII° siècle, est l'idéal de pauvreté évangélique et de vie commune, en réaction contre la richesse de certains prélats et le fléau de la vie privée dans les communautés religieuse, et le service de l'évêque en sa charge de prier, célébrer, annoncer la Parole de Dieu. Les Frères Prêcheurs sont nés de là : un ordre mendiant, avec une forme originale de gouvernement collégial, tout entier voué à l'office de la prédication.
Et les moniales, dans tout cela ? La merveille est là : c'est que la Règle de saint Augustin, à l'origine, est une règle monastique! S'enraciner dans une vie toute donnée à l'amour de Dieu, dans une communauté de vie où l'on apprend à ne faire qu'un coeur et qu'une âme, dans le Christ, voilà ce qu'elle demande. Or, dès 1206, le premier noyau apostolique organisé par saint Dominique à Fanjeaux, dans l'Aude, s'appuyait sur un embryon de monastère de moniales et s'appelait la « Sainte Prédication de Prouilhe». L'amour est le fondement de tout, et la charité seule prêche en vérité. « C'est elle, je pense, la perle que cherche le marchand dont parle l'Evangile : il a trouvé cette seule perle et a vendu tout ce qu'il avait pour l'acheter. C'est elle, la perle précieuse, la charité, sans laquelle tout ce que tu peux avoir ne te sert de rien, et qui, à elle seule, te suffit » (St Augustin)